Les ouvriers chinois payés 1,85 dollar de l'heure pour fabriquer l'iPhone 6s

Friday, October 23, 2015

Source: Le Figaro
Author: Elsa Bembaron
 
 
Une usine Pegatron à Shanghai. Crédits photo : Eugene Hoshiko/AP  

Dans son dernier rapport, China Labor Watch, une organisation non gouvernementale chinoise, met lourdement en cause les conditions de travail chez Pegatron, un sous-traitant en charge de la fabrication des iPhone.

Le rapport publié par China Labor Watch est glaçant. «Les employés de Pegatron travaillent par équipes, douze heures par jour, en roulement, six jours par semaine. Ils sont obligés de faire des heures supplémentaires et d'effectuer des tâches non rémunérées, avec des pauses très courtes pour les repas.» Sur 43 pages, le document cumule les accusations contre l'un des principaux sous-traitants d'Apple. Certaines descriptions plongent le lecteur dans un univers digne de Zola, mais à l'échelle chinoise. Quelque 100.000 personnes sont employées pour fabriquer les millions d'iPhone 6s qui sortent des chaînes de l'usine Pegatron à Shanghai.

China Labor Watch accuse notamment le sous-traitant d'Apple d'embaucher des ouvriers «sous la limite d'âge», de les payer 1,85 dollar de l'heure en moyenne, de les loger dans des dortoirs «insalubres et surpeuplés», infestés par des punaises, où ils s'entassent à quatorze par pièce. Les temps de pause laissés aux ouvriers seraient trop courts pour qu'ils aient le temps de prendre leur repas. L'insalubrité des logements et le non-respect de certaines normes de sécurité seraient à l'origine du décès prématurés de jeunes employés. Le rapport cite le cas d'un enfant, Shi Zhaokun, qui travaillait 13 heures par jour et est décédé d'une pneumonie en octobre 2013.

Le deuxième marché d'Apple

Ce rapport est embarrassant pour Apple, qui a pris des engagements très forts pour le respect de l'environnement et l'amélioration des conditions de travail, y compris chez ses sous-traitants. En 2014, Apple a mené 633 audits, concernant 1,6 million d'ouvriers dans 19 pays. Le temps de travail maximum, de 60 heures par semaine, est respecté à 92 %. Le dernier rapport de China Labor a été communiqué à Apple deux jours avant sa publication. «Un délai trop court pour qu'une contre-expertise puisse être menée», souligne un fin connaisseur du dossier. À chaque rapport mettant en cause un de ses sous-traitants, Apple met en place une politique visant à améliorer la situation.

Les résultats de la nouvelle enquête ont été comparés avec ceux de 2013. À l'époque, il avait recensé 21 types différents de violations de la loi et de l'éthique. «Onze sont restées inchangées, cinq se sont détériorés et quatre ont connu une amélioration partielle mais insuffisante», note China Labor, qui accuse Apple d'exercer des pressions sur les ouvriers chinois pour gonfler ses profits. Un argument choc dans un pays qui est devenu le deuxième marché le plus important pour la marque.