Quarante pourcent des casseroles vendues en Suisse proviennent de Chine. Or, les conditions de travail dans les usines y sont exécrables, dénonce l'organisation non gouvernementale Solidar Suisse, qui demande aux distributeurs et fabricants suisses qui commercialisent ces casseroles de s'attaquer au problème.
Solidar Suisse base cette revendication sur un rapport qu'elle a établi avec l'ONG chinoise China Labor Watch (CLW). Leurs investigations ont été menées entre mai et juin dans cinq grandes fabriques de casseroles établies dans la région principale de cette production en Chine.
L'examen a révélé 27 graves manquements, dont la majorité est non seulement contraire aux standards sociaux internationaux, mais aussi aux droits du travail chinois, explique Solidar Suisse dans un communiqué.
Conditions de travail déplorables
Selon le rapport, aucune des fabriques ne respecte les normes de protection des ouvriers. Bien que ceux-ci travaillent avec des produits chimiques toxiques et sur de lourdes machines et qu'ils effectuent un labeur très physique, le matériel de protection fait défaut. Dans la plupart des cas, les gants et les masques de protection ne sont distribués que lorsque des inspections sont effectuées.
Aucune usine ne dispose de protection anti-incendie, selon le rapport. Autre manquement grave: les sorties de secours sont parfois bloquées ou verrouillées.
L'oeuvre d'entraide dénonce aussi des heures de travail excessives allant jusqu'à 12 heures par jour et 7 jours de travail par semaine. Aucune des entreprises examinées ne verse les prestations sociales prescrites par la loi ni les suppléments pour les heures supplémentaires.
Dans quatre usines, les employés ne sont en outre rémunérés qu'à la pièce. Ils ne touchent donc pas de salaire garanti, et donc pas non plus le salaire minimal en vigueur.
Pour effectuer cette recherche, CLW a introduit clandestinement des ouvriers dans ces entreprises. Selon Solidar Suisse, ces dernières fabriquent aussi des casseroles pour des marques renommées telles que WMF, Ikea, Greenpan et Kuhn Rikon. Ces casseroles sont vendues en Suisse entre autres par Coop, le groupe Migros et Manor.
Migros examine les reproches
Interrogée par l'ats, la porte-parole de Migros Martina Bosshard souligne l'engagement de l'entreprise depuis de nombreuses années en faveur de conditions de travail équitables et d'une production durable. «Tous les fournisseurs de Migros doivent signer un code d'éthique», précise-t-elle. Son application est ensuite contrôlée.
Concernant les reproches concrets de Solidar Suisse, Migros ne peut toutefois pas encore se prononcer. Un examen est en cours. Mais si les griefs se confirment, le grand distributeur s'attaquera immédiatement à ces problèmes.
Cela signifie que Migros fera pression sur les fournisseurs et les fabricants pour qu'ils respectent le code d'éthique. Une rupture de contrat n'est en revanche pas prévue. Migros va donc dans le sens de Solidar Suisse, qui demande aux entreprises helvétiques de collaborer avec les fournisseurs chinois pour améliorer les conditions de travail.
Manor rejette les critiques
L'ONG qualifie les discussions engagées avec Migros et Coop de «raisonnablement positives». Les deux distributeurs ont promis de s'attaquer à ces problèmes, écrit Solidar Suisse. L'organisation décerne en revanche une mauvaise note à Manor. Cette entreprise estime ne pas avoir de responsabilité à assumer en tant que distributeur, relève le communiqué de l'ONG.
Interrogée, l'entreprise Manor rejette ces reproches. L'enseigne exige de tous ses fournisseurs le respect de conditions de travail acceptables, telles qu'elles sont formulées dans le code d'éthique de l'entreprise, précise Manor dans une prise de position écrite.