La plainte de Sherpa s'appuie sur un rapport de l'ONG chinoise China Labor Watch,
dont des membres se sont infiltrés dans des usines produisant des produits Samsung en Chine,
dénonçant le travail des enfants et des atteintes à la sécurité des employés. (China Labor Watch.)
L'histoire sans fin ? Pas sûr... Le vieux contentieux qui oppose Sherpa, l'association de défense des victimes de crimes économiques, et Samsung France, filiale du géant coréen de l'électronique, rebondit aujourd'hui. Selon nos informations, l'ONG poursuit directement Samsung France pour « pratiques commerciales trompeuses ».
Le courrier est parti ce matin. La date du procès devant le tribunal correctionnel de Bobigny — Samsung France ayant son siège social en Seine-Saint-Denis — devrait être fixée prochainement.
Alors que de nombreux produits et téléphones Samsung se retrouveront au pied des sapins de Noël le 24 décembre, « selon des rapports de CLW, Samsung France tromperait les consommateurs en publiant des engagements éthiques qu'il affirme respecter partout dans le monde », explique Sherpa. Devant le tribunal, l'ONG aura la charge de prouver les accusations qu'elle avance. Pour rédiger la citation directe à l'origine de la procédure, Sherpa s'est appuyé sur les enquêtes de China Labor Watch (CLW), une ONG chinoise active depuis le début des années 2000.
Sherpa dénonce de graves entorses à la loi chinoise en matière de « travail des enfants, de sécurité et de santé des salariés », en violation des règles éthiques de Samsung. Pour obtenir ces éléments à charge, des membres de CLW se sont infiltrés dans plusieurs usines chinoises où sont fabriqués des produits Samsung. « La loi chinoise fixe l'âge légal du travail à 16 ans, souligne-t-on chez Sherpa, mais CLW a identifié plusieurs enfants de moins de 16 ans en train de travailler dans les usines. » Certes, tous ces faits sont présumés avoir eu lieu en Chine, sauf que « Samsung entend promouvoir un monde meilleur en étant une entreprise citoyenne socialement responsable », détaille Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux chez Sherpa.
Pourquoi l'ONG se lance-t-elle dans une nouvelle procédure ? En février 2013, Sherpa avait, en effet, porté plainte contre Samsung France devant la procureur de la République de Bobigny. L'enquête ouverte avait finalement été classée sans suite en décembre 2014. « Nous avons beaucoup plus de preuves qu'auparavant, estime Marie-Laure Guislain. Nous disposons de plusieurs rapports récents et étayés de China Labor Watch, datés de 2014 de 2015. »
Contacté, Samsung France n'a souhaité faire « aucun commentaire sur la décision de justice précédente (NDLR : le classement sans suite). Pour l'instant, nous n'avons rien reçu, il nous est impossible de commenter quoi que ce soit », poursuit un porte-parole de Samsung France.
« Les pratiques et le discours de Samsung méritent d'être sanctionnés, estime de son côté Alain Bazot, président de l'UFC-Que choisir, la principale association de consommateurs en France. Cela répond à une attente du consommateur qui devient de plus en plus exigeant sur la traçabilité des produits. » Avant de reconnaître que « vu le duopole d'Apple et Samsung dans la téléphonie mobile, il est aujourd'hui très difficile pour le consommateur d'échapper à ces entreprises ».